À travers près de 350 œuvres dont de nombreux chefs-d’œuvre des artistes qui lui furent proches (Joan Miró, André Masson, Alberto Giacometti, Pablo Picasso, Wifredo Lam, Francis Bacon…), des objets et oeuvres d’art africains et antillais, ainsi qu’un riche corpus d’archives et documents originaux (manuscrits, livres, films et musique), il s’agit non seulement de rendre compte des multiples facettes de la figure de Leiris, de ses passions et de ses engagements, mais également de souligner le caractère novateur de son œuvre et la pertinence de sa pensée : Michel Leiris est devenu, dans le contexte de la mondialisation et des études postcoloniales, une référence contemporaine essentielle.
Influencé dès l’enfance par Raymond Roussel et se situant en marge du surréalisme, Leiris s’éloigne du mouvement pour rejoindre la revue dissidente Documents autour de Georges Bataille. La quête de sa propre identité s’associe à une soif de dépaysements et d’altérité. Il s’initie aux méthodes de la recherche ethnographique en participant, en tant qu’archiviste, à la première mission ethnographique française en Afrique, conduite par Marcel Griaule : la « mission Dakar-Djibouti » (1931-1933), au cours de laquelle il écrit L’Afrique fantôme, hybride de journal de terrain et de récit autobiographique. Après la guerre, il se rend aux Antilles en compagnie d’Alfred Métraux, qui lui fait découvrir les rites vaudou. Aficionado de corrida, il est tout autant passionné de jazz, d’opéra et de spectacle, qui sont pour lui des « terrains de vérité ». Devenu ethnographe professionnel, africaniste au Musée de l’Homme, il est à l’initiative du premier ouvrage sur la Création plastique de l’Afrique noire.
Son œuvre littéraire compte parmi les plus novateurs du siècle dernier : auteur de L’Âge d’homme et des quatre volumes de La Règle du Jeu, Michel Leiris a révolutionné le genre de l’autobiographie.
Poète explorateur passionné des jeux de langage, il revendique aussi pour la littérature une esthétique du risque (« De la littérature considérée comme une tauromachie »). Engagé dès les premières heures dans la lutte anticoloniale et antiraciste, devenu homme public et militant, il reste avant tout écrivain solitaire. Michel Leiris est inclassable : figure libre éminemment complexe et paradoxale, sa modernité s’impose aujourd’hui encore plus qu’hier.
(Source : www.centrepompidou-metz.fr/leiris-co-picasso-masson-mir-g…)
11. CARREFOUR DES CIVILISATIONS
Sur l’invitation d’Aimé Césaire, Michel Leiris effectue deux missions en 1948 une première mission en Guadeloupe et en Martinique, pour étudier l’héritage africain dans le folklore antillais. Il se rend également en Haïti avec Alfred Metraux, qui lui sert de guide dans les cérémonies vaudou, au cours desquelles il retrouve son intérêt ancien pour les « rituels de possession » qu’il définit comme un « théâtre vécu ». Il y prononce trois conférences : « Message de l’Afrique », « Sculpture africaine » et « Antilles et poésie des carrefours ». En 1952, l’Unesco le charge d’une enquête sur les relations interraciales. Le résultat de ses recherches, relevant d’une autre forme d’ethnographie, est publié dans Contacts de civilisations en Martinique et en Guadeloupe, 1955. La découverte de la société métissée des Antilles, et la dénonciation du racisme et de l’exploitation – qui animent également Édouard Glissant, Frantz Fanon –, le conduisent à participer étroitement à la création de la revue Présence Africaine, fondée en 1949 par Alioune Diop. Son engagement militant pour la cause antillaise le conduira à intervenir activement en témoignant dans deux procès intentés contre de jeunes Martiniquais (1951) et Guadeloupéens (1968).
(Source : www.centrepompidou-metz.fr/leiris-co-picasso-masson-mir-g…)
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